Lors du Salon de l’Environnement de Travail et des Achats du 26 mars, l’IDET représenté par Miguel Derennes, a invité Valentina Urreiztieta directrice associée du pôle conseil-formation chez Empreinte Humaine, à coanimer avec Olivier Schaff une conférence sur le sujet des conséquences du télétravail sur la santé mentale des salariés et sur la responsabilité des entreprises dans la prévention des risques qui y sont associés. Les questions de la charge de travail et de l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle ont été abordées, et Valentina a pu discuter des moyens de détection des signaux de détresse psychologiques chez les télétravailleurs.
La pandémie de COVID-19 a bouleversé le paysage professionnel, obligeant les entreprises à adopter le télétravail et à revoir leurs pratiques de travail. Ces changements n’ont pas été sans conséquences sur la santé mentale des télétravailleurs. Selon les résultats du dernier baromètre réalisé par Empreinte Humaine, la moitié des télétravailleurs estiment que le télétravail, bien qu’il supprime les temps de transport, génère une charge de travail supplémentaire. Par ailleurs, le baromètre met également en lumière le fait que 47% des télétravailleurs sont en détresse psychologique, contre 30% pour ceux en présentiel. Ces résultats démontrent l’émergence de nouvelles problématiques à la suite de la démocratisation du télétravail et le besoin de nouvelles mesures à mettre en place au sein des organisations pour prévenir les risques psychosociaux.
Le principal facteur de RPS lié au télétravail est le déséquilibre entre la vie professionnelle et personnelle. Un effet de confusion (“bluring”) peut se produire chez les télétravailleurs, qui peuvent avoir du mal à percevoir la frontière entre la vie professionnelle et personnelle. Ceci se traduit par une difficulté à se déconnecter psychologiquement du travail. Par ailleurs, le télétravail rend plus vulnérable à la détresse psychologique, d’autant plus si les conditions de travail à la maison ne sont pas optimales nous constatons une hausse des conflits interpersonnels entre salariés qui auparavant, se réglaient de manière informelle (à la pause autour d’un café par exemple). A distance, les télétravailleurs sont obligés de poser un rendez-vous pour régler des incompréhensions, le lien de confiance est plus difficile à établir et à maintenir, les entreprises et les télétravailleurs ont donc besoin d’adapter leur méthode de travail mais également, leur mode de communication, d’où la notion de co-responsabilité : l’organisation doit donner les conditions de travail collaboratif car ce n’est pas le télétravail en lui-même qui donne de la détresse mais les conditions de travail, le travail pouvant être une source de protection, qui donne un sentiment d’appartenance et d’utilité.
Comment prévenir ces risques ?
Pour prévenir ces risques il est important pour l’entreprise et les collaborateurs de capter les signaux de détresse, qui sont parfois discrets. Chaque personne montre de manière très personnelle son mal-être. On peut observer par exemple à distance moins de participation, une expression très monosyllabique, plus d’erreurs, de l’absentéisme, une dégradation de l’image renvoyée par la personne, une dégradation de la relation avec les autres, une impression plus en difficulté pour absorber la charge de travail qu’avant, un manque de ressources, qui peut se voir par le biais des interactions au travail… Il est donc essentiel d’établir des points de soutien réguliers avec les collaborateurs et de prendre la température.
Pour les télétravailleurs, il est important de se créer un espace dédié au travail chez soi, un espace dans lequel la personne se sente “au travail”. Dans le cas où cela n’est pas possible, il existe d’autres possibilités comme les espaces de coworking par exemple, si l’entreprise donne la possibilité de travailler en dehors du domicile. La présence au bureau permet de maintenir un lien de travail entre le travailleur, ses collègues et l’organisation et il est essentiel de mettre en place des solutions pour maintenir ce lien pour les personnes étant à 100% en télétravail. La meilleure façon de prévenir ces risques est d’équiper les collaborateurs pour faire face à ces défis et de les former à la prévention des risques.
En conclusion, le télétravail a apporté de nombreux avantages, mais il est également associé à des défis importants en matière de santé mentale pour les travailleurs. Il est crucial que les entreprises reconnaissent leur rôle dans la prévention des risques psychosociaux et donner les conditions pour maintenir un environnement de travail sain, même à distance. En mettant en place des mesures préventives, en restant attentifs aux signes de détresse et en favorisant une communication ouverte, nous pouvons créer un environnement de travail où la santé mentale est une priorité.
Il est également essentiel de souligner l’importance de la sensibilisation et de la formation des employés sur la santé mentale (retrouvez notre catalogue de formation en cliquant sur ce lien), afin de leur fournir les outils nécessaires pour reconnaître et gérer les signaux de détresse, ainsi que de l’engagement continu des entreprises à soutenir le bien-être de leurs travailleurs. En encourageant une culture d’ouverture et de soutien, les entreprises peuvent contribuer à créer un environnement où les travailleurs se sentent soutenus et écoutés, même lorsqu’ils travaillent à distance. Pour toute organisation qui souhaite prévenir ces risques chez leurs collaborateurs en télétravail, les mots d’ordre sont clairs : exemplarité et flexibilité intelligente et encadrée.
Rédacteur : Mallory Pizzi